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Ajouté le 3 sept. 2019

Démarche Artistique


Quand j’étais petite je faisais du vélo dans la petite cité avec ma copine Samira. 

Elle était trisomique et on s’en fichais, on roulait cheveux aux vents en riant. 

Quand j’étais petite, il arrivait qu’on me dise que mes tâches de rousseurs étaient moches, que j’étais trop petite,  que mes dents étaient tordues…

Et puis, Ils sont venus chanter et danser dans leurs costumes flamboyants :

Olélé ! Olélé ! Moliba makasi

Olélé ! Olélé ! Moliba makasi

Luka luka


Mboka na yé

Mboka na yé

Mboka mboka Kasaï

Les comptines du Baobab

 

Cela a marqué ma vision de la beauté de la diversité humaine, les cultures , chants dans de tous les pays du monde ne cessent de m’envouter.

Un peu plus tard, mon grand-père m’a assise sur ses genoux et m’a montré l’Apartheid.

Le monde d’égalité et de liberté que je m’étais forgée a basculé.

Culpabilité, colère.

L’adolescence passe au milieux des séparations et deuils. 

« Quand j’aurais 18 ans, je partirais loin et je deviendrais un Homme ! »

En cherchant être un Homme, je suis devenue Femme et Artiste !  

 

La vie m’a conduite en Afrique, si variée, différente, changeante, abîmée de sa beauté et de sa richesse.

Vagues de souvenirs, première arrivée au Gabon.

Au bout d’une semaine,  mon fils me demande :

« C’est quand qu’on va être noirs ? »

Rentrée des mes enfants, ils apprennent( mieux que moi en 4 ans d’études post bac) l’esclavage, 400 ans, et se font traiter de petits enfants de colons. 

Culpabilité, colère , et leçon de vie, les enfants ont parlé et s'en sont bien sortis, 

Oui, on est des descendants des tarés colons. Non, nous ne sommes pas eux!

Que dis-tu Yaël Moon ? 

Quelle est ta position? 

 

Peindre le monde de liberté et d’égalité, peindre les couleurs de peaux, peindre la différence nécessaire constante mais si changeante.

 

Peindre et rendre sa noblesse à l’humanité. 

 

Créer pour accepter ce que l’on ne peut pas comprendre, ou ce que l’on comprend trop vite. L’humanité porte en elle cette laideur génétique.

 

 

Elle peut transformer son adaptabilité intelligente en domination folle, elle peut s’autodétruire !

 

L’émotion instantanée nait aussi vite que l’acrylique sèche, les tissus les sacs les paillettes, le collage pour le nombre infini d’émotions qui s’ajoutent sans cesse, la répétition des motifs. 

«100 fois j’ai entendu que j’étais trop fragile parce que trop émotive ! »

Les émotions sont des forces humaines, les regarder en face peut nous conduire vers l’évolution.

 

Dans le nombreux format carrés, je tente de contenir l’émotion, 

et parfois,

le cadre ou le format sont dépassés, 

pour en faire naître d’autres !

Transmission

Paix

Tolérance

Patience

Amour

 

Le ciseaux pour disséquer la laideur, pour rappeler la douleur qu’elle inflige.

 

 Le scalpel pour la beauté de la lame, le geste chirurgical et froid nécessaire à la réparation et la résilience.

Aujourd’hui, après 5 ans de vie à Abidjan en Côte d’Ivoire, le problème plastique ne cesse de me hanter.

 

Alors, une nouvelle matière s’impose, s’intègre, si banale , si récurrente, si laide ?

remplaçable et inutile ? Pourtant cette matière plastique sauve parfois des vies ou la protège

L’humanité et ses déchets ?

Et pourtant la Nature n’en produit aucuns.

Elle sauve pourtant de nombreuses vie cette matière plastiques.

C’est ce paradoxe que je questionne et creuse dans la Collection en cours.

Le Corps et le Plastique peuvent-ils survivre ensembles ?

Une vie après le plastique ?

 

Peindre pour dire différemment.

 

Peindre pour re-lier l’humanité !

 

Yaël Moon

 

 

 

Créé avec Artmajeur